Que sont-ils devenus ?
Dimitris Avramopoulos, Consul de Grèce à Liège
L’histoire du Consulat de Grèce à Liège a largement plus d’un siècle. Il s’agit d’abord de consuls honoraires, depuis Nagelmackers-Muller, vice-consul dès 1870, comme le Baron Th. De Calwaert, de 1907 à 1927, suivi de Paul Hanquet, consul de 1927 à 1938 et de Paul van den Bosch Sanchez de Aguilar, de 1939 à 1955. Ce sont ensuite des consuls de carrière, à partir de 1957, dont les trois derniers, avant la fermeture du Consulat, le 1er décembre 1994, successivement Dionyssios Kodellas (1979-1982), Dimitris Avramopoulos (1983-1989) et Kyriakos Loukakis (1991-1994).
Monsieur Kodellas a poursuivi après Liège une carrière diplomatique qui l’a vu notamment Ambassadeur de Grèce au Maroc (1996-1997), au Mexique (2000-2004) puis au Grand Duché de Luxembourg (2006-2007), fonctions entrecoupées de retours au Ministère des Affaires étrangères à Athènes. Monsieur Loukakis a pour sa part été chef de mission en Israël et en Turquie.
Mais c’est Dimitris Avramopoulos qui a eu le parcours assurément le plus éclectique. Jeune diplomate de trente ans au moment de son arrivée en Cité ardente, il a laissé le souvenir le plus marquant dans le cœur des Liégeois. On connaît la brillante carrière qu’il a menée depuis qu’il a quitté les bords de Meuse. Après avoir été conseiller diplomatique de Kostas Mitsotakis, Président du parti conservateur Néa Dimokratía, Nouvelle Démocratie, de 1989 à 1991, représentant à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à Vienne -qui deviendra en 1995 l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)-, Consul de Grèce à Genève (1992-1993), il est élu Député au Parlement hellénique dès 1993, comme membre de la Nouvelle Démocratie, et Maire d’Athènes durant deux mandats successifs, de 1995 à 2002. Il entre ensuite dans les gouvernements de Kostas Karamanlis, le neveu du Président de la République Konstantinos Karamanlis, comme Ministre du Tourisme (2004-2006, gouvernement Karamanlis I), puis de la Santé et de la solidarité sociale (2006-2009, gouvernement Karamanlis II). Après la défaite de la Nouvelle Démocratie aux élections législatives de 2009 et le gouvernement socialiste de George Papandreou (2009-2011), D. Avramopoulos reçoit le portefeuille de la Défense dans le gouvernement de Loukas Papadimos (2011-2012), puis des Affaires étrangères (photo ci-dessous, avec le Ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius) dans le gouvernement d’union nationale (Nea Dimokratia et Pasok d’Evangelos Venizelos) d’Antonis Samaras (2012-2013), et à nouveau de la Défense lors du remaniement ministériel de juin 2013. En automne 2014 enfin, il est nommé Commissaire européen de la Grèce dans la nouvelle Commission européenne de Jean-Claude Juncker, en charge des migrations, des affaires intérieures et de la citoyenneté. Et quelques mois plus tard à peine, après les élections législatives grecques de la fin janvier 2015, son nom est cité, dans l’entourage même du nouveau Premier Ministre Alexis Tsipras, pour assumer les fonctions de Président de la République hellénique. C’est finalement Prokopis Pavlopoulos qui est élu par le Parlement, et Dimitris Avramopoulos reste à la Commission. L'expérience qu'il a acquise dans sa carrière ministérielle et lors de son passage au Comité des régions de l’Union européenne (CdR), comme membre de 1997 à 2002 et comme Président du bureau en 1999-2000, lui sera précieuse dans la gestion de dossiers difficiles, d’une brûlante actualité.

A Liège, l’action de D. Avramopoulos s’est matérialisée notamment en initiant la création de l’association “Liège Athènes du Nord”, dont Olivier Hamal a été une des chevilles ouvrières. L’association a oeuvré à la promotion des relations entre Liège et la Grèce, en étroite collaboration avec le consulat, avec en particulier la visite au Port autonome liégeois d’une mission économique grecque en mars 1987 et le jumelage entre la commune de Trois-Ponts et la ville de Xylokastro, sur la côte nord du Péloponnèse, au bord du golfe de Corinthe. L’association avait choisi comme appellation une expression utilisée au Moyen-Âge pour désigner notre ville et vanter sa richesse intellectuelle, et comme emblème, en une sorte de clin d’oeil, un motif d’une monnaie athénienne d’époque romaine particulièrement évocateur des relations entre la Grèce et Liège : Thésée et le taureau de Marathon, un sosie presque parfait de notre Toré.
On doit également à Dimitris Avramopoulos l’installation en 1988 de deux monuments grecs au Mémorial Interallié de Cointe. Leur inauguration a été l’occasion de vivre à Liège un moment exceptionnel : le défilé d’un détachement d’Evzones dans les rues de la ville, qui est resté gravé dans les mémoires. Monsieur Avramopoulos a souhaité rappeler son attachement à Liège en visitant les deux monuments en octobre 2005, quand il était Ministre du tourisme, et en souhaitant rencontrer à cette occasion des amis liégeois de la Grèce (sur la photo ci-dessous, on reconnaît, de gauche à droite, Dionyssios Kodellas, un membre de la délégation grecque, le regretté Pierre Bernimolin, Olivier Hamal, Dimitris Avramopoulos et Robert Laffineur).

Et il continue à veiller sur ces précieux symboles. L’un d’eux -le plus original- représente un empilement de casques en bronze et l’inscription gravée sur le mur de fond est un hommage à la bravoure des combattants grecs par référence à l’action des Athéniens au cours de la Guerre du Péloponnèse, dans la deuxième moitié du Ve siècle. Le monument avait été vandalisé peu après son inauguration et un des casques manquants a pu être remplacé tout récemment par un casque que le sculpteur grec auteur du monument avait offert au Consul Avramopoulos en souvenir de la commande et dont le Ministre Avramopoulos à fait don à la Ville de Liège en avril 2013. Une rénovation du monument a été exécutée à cette occasion.
Dimitris Avramopoulos n’a jamais oublié Liège et il s’est toujours attaché à la réouverture d’un Consulat hellénique à Liège -honoraire cette fois. Ses efforts ont trouvé finalement un heureux aboutissent vingt ans après la fermeture de 1994. L’ouverture de ce Consulat honoraire est ainsi une manière de clôturer enfin à Liège une longue absence et une longue attente. C’est aussi l’occasion de renouer avec une tradition antique, puisque la proxénie, comme on l’appelait alors, était, dans les cités de la Grèce classique, une institution très comparable à la représentation consulaire actuelle. Le proxène était un notable qui dans une ville grecque avait la charge d'aider et de protéger les ressortissants d'une cité étrangère dont il était mandataire. Et le décret de proxénie, qui officialisait la fonction, était en quelque sorte l’équivalent de notre exequatur, sauf qu’il était gravé dans la pierre, sur un monument public de la cité, afin qu'il soit connu de tous. Le vocabulaire du grec moderne témoigne de cette persistance : le mot ancien próxenos désigne encore le consul dans la langue grecque d’aujourd’hui.